Vous venez de participer à un marathon et que cette course mythique soit une première pour vous ou que vous soyez habitué à cette distance, vous avez certainement déjà répondu à la question :
« Ai-je atteint mon objectif ? »
La réponse à cette question vous a généré peut-être des émotions plus ou moins différentes, mais le plus souvent de façon binaire comme le plaisir associé à la satisfaction ou la frustration à la déception.
Chacun aborde les événements différemment, avec toujours en tête un but qui permet de donner du sens à votre engagement. Et ce sens-là, il est primordial de le préserver et de le faire évoluer en même temps que vos expériences personnelles. Il existe plusieurs types d’objectifs ayant des impacts différents sur le vécu de votre course et le débriefing que vous pourrez en faire.
Lorsque vous vous fixez uniquement des objectifs de résultats, par exemple de terminer le marathon de Paris en 2h59, cela peut engendrer une plus grande frustration si vous n’atteignez pas cet objectif précis, ainsi qu’une anxiété précompétitive nuisant à votre performance.
Avez-vous tenu compte des éléments externes que vous ne maîtrisez pas ?
Comme des conditions météorologiques particulières, une organisation de course déplorable, un ravitaillement rendu glissant par les peaux d’orange, etc.
Avez-vous identifié les obstacles internes qui vous sont propres ?
Comme une difficulté à rester constant sur la première partie de course, un manque de confiance en ses capacités, une difficulté à gérer son stress dans le sas de départ, etc.
L’objectif de résultat est-il source de motivation et de stress positif vous amenant à vous dépasser ou se transforme-t-il petit à petit en une petite voix qui vous parasite ?
Vous savez, cette petite voix qui vous dit : « Mais, qu’est-ce que tu fais là ? » ou « tu ne vas pas y arriver » ou « c’est trop dur pour toi » ou encore « t’aurais dû t’entrainer plus ! »…
Évaluer vos émotions et vos pensées est un bon moyen de voir ce qui est positif pour vous et ce qui ne l’est pas.
Se centrer sur le plaisir est l’un des meilleurs carburants pour la performance.
Fixez-vous des objectifs de résultats réalistes et souples, comme par exemple une fourchette de temps qui irait de la plus belle performance souhaitée mais réaliste à un temps qui vous satisferait.
Associez ces objectifs de résultats à des objectifs de maitrise. Ces derniers apportent des éléments de feedback permettant de vous donner des éléments sur les progrès à réaliser.
Par exemple, vous pouvez vous dire que vous avez atteint votre objectif si vous êtes parvenus à rester centré sur le présent tout au long de la course, évitant les pensées d’échec ou même la peur de réussir. Ou bien, si vous avez réussi à maitriser votre foulée et votre posture sur l’ensemble de la course, maintenant votre allure pratiquement du début à la fin.
Ces éléments sont des ingrédients vous permettant d’évaluer vos progrès, et donc d’être plus performant tout en évitant une réponse uniquement binaire à la question : « Suis-je content(e), satisfait(e) de moi ? » ou « Est-ce que je peux m’améliorer ? ».
Votre foulée et votre respiration sont des éléments que vous pouvez maitriser à l’instant T. C’est ainsi que vous construisez au moment où vous courrez votre chrono final. L’idée est de vous focaliser sur l’instant présent et non sur le passé ou l’avenir. Cela vous évitera d’entendre la petite voix (encore elle !) vous dire « T’as perdu trop de temps avec tout ce monde au ravitaillement ! » Ou « Tu dois absolument passer à tel temps au prochain kilomètre ».
La qualité de vos objectifs en préparation et pour la course va contribuer à développer vos habilités mentales. Associé à des débriefings guidés, vous pourrez mieux gérer vos pensées et vos émotions avant, pendant et après vos courses.
C’est ainsi qu’en faisant le plein de plaisir, la performance suivra !
Anaëlle Malherbe & Frédérick Vergnas